JOURNAL

LA PAROLE

AUX PATIENTS

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Démocratiser, dépolitiser et décentraliser :

à l'ère du duo Geneviève Biron - Frédéric Abergel


Trois clés qui demeureront autant de vœux pieux si les patients du Québec ne prennent pas en charge leur système de santé.

 

Voyez cet article que j’écrivais et qui fut publié en 2018, en voici un large extrait ainsi que la suite telle que je la perçois aujourd’hui.

La bonne nouvelle est que l'on connaît ces trois clés depuis au moins une bonne dizaine d'années. La mauvaise est que personne n'a eu le courage, ni la force de les appliquer.


La démocratisation


La première solution fut à l'origine même de la conception de notre système de santé. Avant l'arrivée de l'assurance maladie, la santé était avant tout l'affaire de deux groupes bien identifiés : les médecins et, pour ce qui concerne la population francophone du Québec, les religieuses qui administraient les hôpitaux. L'un et l'autre de ces groupes offraient des services aux patients qui devaient payer de leurs poches les soins reçus. Il y avait aussi les cartes roses, émises par les municipalités, qui permettaient aux plus pauvres d'avoir accès aux médecins. Ceux-ci acceptaient ces cartes et étaient remboursés par la municipalité. Quant aux hôpitaux, il y existait les dispensaires qui donnaient des soins, eux aussi, aux plus pauvres. En gros, les soins de santé étaient pratiquement réservés aux mieux nantis de la société. Avant les années 1970, bien des gens se ruinaient littéralement pour défrayer les soins de santé et il arrivait trop souvent que lorsqu'on se décidait enfin à appeler le médecin, la maladie avait tellement évolué qu'il était déjà trop tard et que le docteur ne pouvait plus rien faire.


C'était donc pour démocratiser les soins de santé que ceux-ci sont passés des médecins et des religieuses à des administrateurs de l'état qui auront pour mission de rendre la santé accessible à tous et qui, comme administrateurs, seraient dorénavant la pensée et la vision de la population tout entière. La démocratisation des soins de santé était l'essence même qui permit l'éclosion du système de santé que nous connaissons de nos jours. Il s'agissait là de la seule réforme digne de ce nom à avoir pris place au Canada et Québec. Par la suite, plusieurs réaménagements, plutôt lexiques qu'efficaces, se sont produits environ chaque décennie. Comme autre réforme, nous nous souviendrons de Marc-Yvan Côté qui créa les CLSC. Mais les autres réformettes¸, dont celle de ne passeront certainement pas à l'histoire. Il faut admettre que les deux plus importantes réformes furent réalisées par des hommes qui n'étaient pas du milieu médical : nous pensons bien sûr à M. Claude Castonguay qui a mis en œuvre le système de santé public et, comme souligné plus haut, à M. Marc-Yvan Côté qui en 1970 créa les CLSC et qui voulut placer le patient au cœur du système, belle initiative qui eut tôt fait d'être rangée aux oubliettes.


Il faudrait donc revenir aux sources, rendre ce système vraiment démocratique non seulement dans son principe, mais surtout dans son application. À quand, un bureau des usagers qui veillerait aux grains et s'assurerait que la voix du peuple soit entendue et peut-être, qui sait, écoutée ?


Dépolitiser et décentraliser voilà les deux mots clés que véhiculait le livre que j’ai écrit en 2012 avec la collaboration des docteurs Alban Perrier et Robert Ouellet et qui fut publié aux Éditions Trois-Pistoles.


Et aujourd’hui ?


La PDG de Santé Québec a précisément ce double mandat de dépolitiser le système de santé et de le décentraliser. Pour éviter le naufrage complet de ce Titanic qu’est devenu notre système de santé, il lui faudra une force herculéenne et surtout le pouvoir d’aller chercher en dehors du système des têtes penseuses qui apporteront ce vent capable de faire fondre les icebergs des structurres et syndicats en place.


Il lui faudra s’entourer d’une garde rapprochée qui changera la culture des changements lexicologiques (GAMF, GAP etc…) et mettra en place une unité animée par une « déstructurite » aigüe afin de rendre aux régions et aux institutions leur autonomie et leurs pouvoirs d’action.


Personnellement, je crains bien que tout ceci ne reste que vœux pieux. Car pour espérer relever ces défis, notre PDG aurait besoin du soutien de tous les usagers du système de santé. À quand un vrai Bureau des usagers, présent à la porte d’à côté de celle de Madame Biron ? Il n’y a que la force des usagers qui peut réellement compétitionner celle des groupes réactionnaires et des syndicats dont l’objectif ultime semble toujours avoir été de laisser les choses telles qu’elles ont toujours été.

 

Quand les choses ne changent pas avec les gens en place, il faut peut-être penser à changer les gens de place...


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Le patient inquiet



Les nouvelles du jour ne sont guère encourageantes en ce qui concerne les urgences dans nos hôpitaux.


Dans quelques mois, j’aurai 76 ans. Et je suis inquiet.

Depuis que je suis né, j’ai souvent eu le rôle de patient. Sans compter les maladies infantiles qui, comme tous les enfants à l’époque, m’ont plus ou moins touchés, à l’âge de 10 ans, j’ai eu une appendicite que l’on dut opérer en enlevant l’organe infecté. Puis, j’ai eu des enfants et des rendez-vous chez le pédiatre. Un de mes enfants, ma petite Marie âgée d’un peu plus de 2 ans s’est levée un matin brûlante de fièvre. Son pédiatre nous a dit de l’amener sans tarder à l’hôpital. En enlevant le pyjama de notre petite, on a constaté qu’elle était couverte d’ecchymoses. Une ponction lombaire et quelques heures plus tard, le diagnostic est tombé tel une guillotine : leucémie myéloblastique aiguë.
 
Un matin, Marie était décédée

Ces événements se sont déroulés à l’automne 1978 et depuis, j’ai eu recours plus souvent qu’à mon tour au système de santé. Le rôle de patient, je le connais donc trop bien. Et c’est pourquoi, je suis autant inquiet.

Parce plus je recule dans mon histoire médicale, plus c’était simple. Un problème, on appelait son médecin de famille. On parlait avec sa secrétaire et on avait un rendez-vous ou un retour d’appel du médecin et le problème était réglé.

Mais depuis une vingtaine d’années, les choses se sont compliquées. L’origine de la catastrophe annoncée est malheureusement trop bien connue. En effet, au début des années 2000, notre bon gouvernement a fait une découverte inouïe, inattendue et fort surprenante : le système de santé coûtait cher. Et le nouveau ministre de la Santé de l’époque a trouvé que les coûts étaient générés par les médecins. Non pas que les médecins coûtaient trop cher, mais chaque médecin en prescrivant des tests, des examens radiologiques et autres généraient des coûts astronomiques dans le système de santé. Pour le ministre d’alors (nous sommes vers les années 2003 – 2008), la solution était fort simple (pour ne pas oser dire simpliste) : réduire le nombre de médecins et, pourquoi pas, aussi celui des infirmières et ainsi, les coûts en santé diminueraient spontanément. Et par des programmes d’incitation à la retraite bonifiée, le ministre réussit son pari : diminuer le nombre de médecins et d’infirmières.

Mais le bon ministre avait oublié un facteur primordial : le nombre de malades ne diminuerait pas pour autant et, qui plus est, il allait augmenter car la population avait cette fâcheuse habitude : vieillir.


Alors, comme, il y avait moins de médecins et d’infirmières disponibles, les patients se sont tournés vers la seule porte d’entrée du système de santé : les urgences des hôpitaux.

Mais ne serait-ce pas ce qui se passe encore aujourd’hui ?

On est passé des Régies régionales aux Agences de santé puis celles-ci sont devenues des CIUSSS et des CISSS et bientôt le tout sera sous l’égide de Santé-Québec !

Quand apprendrons-nous que de changer les mots ne change souvent rien aux maux 


Je suis inquiet.


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LA MALADIE D'ALZHEIMER

LES AVANCÉES DE LA SCIENCE

LES RÉSISTANCES DE LA SOCIÉTÉ



Cliquez sur l'image ci-haut pour importer le livre numérique


C'est avec une grande fierté que je vous présente aujourd'hui mon 41ème livre : La maladie d'Alzheimer : Les avancées de la science, les résistances de la société avec la préface d'une sommité internationale dans le domaine le Dr Serge Gauthier, professeur émérite en neurologie, psychiatrie et coresponsable académique du Programme de formation sur les troubles neurocognitifs, Université McGill. 

 

Peu de personnes acceptent facilement de consulter pour des problèmes pouvant être liés à l'Alzheimer. Et lorsqu'elles consultent, la maladie est déjà bien avancée. Comme le dit ci-bien une des éminentes chercheures que j'ai eu le bonheur de rencontrer pour l'écriture de ce livre, la docteure Marie-Jeanne Kergoat :  « J’espère sincèrement que les lecteurs entendront votre appel à jouer un rôle actif dans la prévention de leur propre trajectoire de vieillissement.»

 

 

Le livre numérique comprend 83 pages, il parle des médicaments actuels et futurs et, d'abord et surtout des pistes de mesures de prévention : activités physiques, nutrition, apnée du sommeil, support des proches et de la communauté, etc.

 

Afin de pouvoir écrire ce livre et en distribuer gratuitement une copie PDF à toutes les personnes à qui il pourrait être utile, j'ai obtenu une commandite dont vous trouverez les détails à la dernière page du livre (page 83).

 

Il me fait donc plaisir de vous en faire parvenir une copie numérique sans aucun frais en sélectionnant la case à droite du titre et en l'enregistrant dans vos documents ou si vous m'en faites la demande par courriel à beaulieu.ja@videotron.ca. Vous pourrez à votre tour distribuer ce livre sans frais à toutes les personnes et/ou organismes qui pourraient y être intéressés. 

 

Bonne lecture, 

 

Jacques Beaulieu

Auteur et communicateur scientifique


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La valeur du médecin de famille ?


Un brin d’étymologie pour débuter cette question. Valeur vient du latin valere qui signifiait : être fort, valoir.


Quelle est donc la valeur du médecin de famille dans notre société ? Nous pourrions dire d’entrée de jeu que la valeur est fonction de ce que l’on veut accorder à une personne. En effet, cette échelle des valeurs demeure assez représentative de la réalité.


Et comme la réalité, cette valorisation a changé avec le temps. Les plus âgés se rappellent le bon docteur Bouclier dans Les belles histoires des pays d’en Haut. D’autres se  souviennent de la télésérie américaine : Le docteur Marcus Welby. Ces bons et dévoués médecins de famille étaient à l’image de la valeur que leur accordait les sociétés de l’époque.


Mais où est leur valeur aujourd’hui ? De nos jours, ce sont les spécialistes d’hôpitaux qui sont élevés aux premiers rangs. On n’a qu’à penser à des téléséries comme Stat ici ou encore Hôpital Hamsterdam ou bien Dre Grey’s chez nos voisins.


Au profit des grandes institutions, des chirurgies et des autres exploits technologiques, le rôle des médecins de famille semble glisser inexorablement vers l’oubli. Et l’on se surprend que le nombre de médecins de famille diminue et que les inscriptions en médecine familiale dans nos universités tendent aussi à diminuer.


Comme société, nous devons le plus rapidement possible redorer le blason de la médecine familiale.

Et pour participer à cette œuvre de revalorisation, je vous propose une chronique dans laquelle des médecins de famille viendraient nous raconter des histoires émouvantes, des succès et des difficultés auxquels ces femmes et ces hommes médecins sont confrontés. Vous n’avez qu’à m’écrire à beaulieu.ja@videotron.ca et je vous contacterai pour connaitre votre histoire, l’écrire et la publier.  


Parlons de ces héros méconnus et probablement qu’ainsi nous pourrons faire ressusciter ces vocations qui nous apporteront des médecins de famille. Après tout, nous sommes en période pascale.

 



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Le fédéral dépose son projet de loi

sur l'assurance médicaments



En 2018, je publiais dans Huff Post le texte suivant. Force est de constater que plus de 5 ans plus tard, les idées du fédéral n'ont pas bougé beaucoup. Pour accéder au texte original complet : 


https://www.huffpost.com/archive/qc/entry/equite-assurance-medicaments-national-assurance-privee_qc_5cccd03ce4b089f526c730b0


Assurance médicament : un seul régime totalement public et géré par le fédéral est à proscrire


Le gouvernement du Canada jongle avec l'idée d'établir un système national d'assurance médicament. 


Il était une fois, il y a bien bien longtemps, un caporal d'armée qui entra dans le mess des officiers et qui y vit, oh scandale, une mouche. Il arma son bazooka et visa le dégoutant insecte. L'histoire ne dit pas s'il avait atteint sa cible, mais 32 officiers de marine furent tués sur le coup.


Aujourd'hui, le gouvernement du Canada jongle avec l'idée d'établir un système national d'assurance médicaments.


S'agit-il d'un bazooka destiné à tuer une mouche ?  Réfléchissons-y un peu.


La situation actuelle


Présentement, il existe divers systèmes de couverture des médicaments un peu partout à travers le pays. La loi canadienne sur la santé dicte que toutes les Canadiennes et les Canadiens doivent avoir accès à des soins de santé médicalement requis.


De plus, il est prévu dans cette même loi que les hôpitaux doivent fournir gratuitement les médicaments aux patients hospitalisés. En dehors du milieu hospitalier, les provinces sont libres de mettre en place des systèmes de couverture des médicaments pour leurs citoyens, alliant des programmes publics et privés.


Et en ce chapitre, rappelons que le Québec a été la première province à offrir en 1997 une assurance médicament à tous ses citoyens non couverts par une assurance privée offerte par un employeur. Et l'étendue de la couverture du privé doit représenter au minimum celle offerte par le régime public. Ainsi, ce régime universel mixte, public–privé, fait en sorte que tous les habitants du Québec ont accès aux médicaments.


Le problème

Il y a, dans le reste du Canada, des personnes qui ne seraient pas couvertes ou qui auraient une couverture restreinte engendrant dans certains cas des obstacles financiers pour accéder au traitement requis. Et certains groupes prônent pour plus d'équité en matière d'accès aux médicaments entre les citoyens d'une même province et entre les provinces. Et d'autres croient qu'un seul régime unique public canadien permettrait d'engendrer des économies.

3,6 millions de Canadiens n'auraient pas d'assurance privée et seraient admissibles à un régime public, mais ils ne s'y inscrivent pas.


À l'aube des prochaines élections fédérales, le gouvernement de M. Trudeau veut proposer ou imposer (et oui, sans jeu de mots, cela pourrait avoir des incidences sur les impôts !) un régime national d'assurance médicament pancanadien.


Examiner les solutions

Les gouvernements, fussent-ils fédéral ou provinciaux, ont la fâcheuse tendance à croire qu'ils détiennent la vérité absolue. L'idée de regarder ce qui se fait ou ce qui s'est fait ailleurs est trop souvent perçue comme une insulte à leur intelligence. Ils ont comme réflexe premier d'inventer une nouvelle façon de faire les choses.


L'examen des solutions devra tenir compte de bien des facteurs et surtout les multiples acteurs, tant des gouvernements fédéral et provinciaux, que de l'industrie pharmaceutique ainsi que des besoins réels de la population canadienne. Amener à la même table tous ces organismes et, en réalité, l'ensemble des Canadiens pour en arriver à une solution capable de répondre adéquatement aux problèmes fort différents d'une province à une autre en matière de médicaments ne sera pas une mince tâche. Il faudra d'une part éviter de déshabiller Pierre pour habiller Jacques et, d'autre part, tenir en compte et respecter les positions bien différentes d'une province à l'autre.


Apporter des améliorations

Le premier objectif, si le but est l'amélioration des couvertures d'assurance médicaments, devrait concerner le patient.


Tous les Canadiens devraient bénéficier d'un accès rapide aux médicaments nécessaires pour maintenir et améliorer leur santé, quels que soient leurs revenus. Les offres d'assurance médicaments doivent combler les lacunes actuelles en offrant des options réalistes aux personnes non assurées et aux personnes sous-assurées.


Un deuxième objectif serait la valeur et la viabilité du ou des systèmes proposés. Les options proposées par le gouvernement doivent être fiscalement responsables et aptes à être mises en œuvre dans le contexte d'assurance mixte publique-privée du Canada permettant une couverture de qualité. Ici la qualité de l'accès aux médicaments, la flexibilité et une solide vision d'avenir en matière de santé publique et individuelle s'imposent.


Finalement, il faudra viser sur la réactivité du système. Les options d'assurance médicaments devront refléter les besoins variés et évolutifs des patients tout en répondant aux changements technologiques par l'adoption rapide de l'innovation.


Et le Québec

Comme souligné d'entrée de jeu, le Québec a fait preuve de progressisme et de vision en étant la première province à offrir un système universel mixte d'assurance médicaments. Le Québec doit donc pouvoir avoir le choix de s'exclure s'il le désire du futur régime fédéral d'assurance médicament et, en toute équité, bénéficier alors d'une compensation financière.


Son régime est performant et évolutif. Depuis sa mise en place en 1997, il a été adapté, ajusté, bonifié et salué. Cela ne l'empêchera pas de continuer à l'améliorer.


L'ère du tout le monde pareil

En somme, en proposant un régime national d'assurance – médicaments, le gouvernement fédéral devra éviter de sombrer dans la facilité du régime du « tout le monde pareil ». Il devra également s'assurer que le système soit fiscalement viable à travers un modèle de responsabilités partagées (gouvernement, employeurs, patients). Et la solution préconisée devra viser une couverture de qualité.


C'est une chose de s'assurer que tout le monde soit couvert et que les obstacles financiers pour les patients soient amoindris, c'en est une autre de s'assurer que ladite couverture ne soit pas restreinte dans un futur plus ou moins rapproché pour des raisons de finances publiques. Par conséquent, le modèle d'un seul régime totalement public géré par le gouvernement fédéral doit être proscrit.


Il faut viser un accès aux médicaments à tous les Canadiens et plus d'équité certes, mais il faut aussi viser une couverture de qualité et modèle fiscalement responsable. Les lacunes des divers systèmes provinciaux du reste du Canada sont bien circonscrites et les solutions pour les régler devront être simples.


Espérons que le gouvernement fédéral ne sorte pas son bazooka pour viser une mouche...


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Les deux mots de 2024

motivation et valorisation



Le premier mois de 2024 est déjà chose du passé. Comme disait l’autre : Ça ne s’annonce pas très bien. L’univers tant réel que virtuel semble plutôt gris. Que ce soit en politique, en santé, en éducation ou même dans les activités quotidiennes, c’est un peu comme si chacun avait perdu son élan, son enthousiasme, son optimisme. Même dans les commerces, les travailleurs ne semblent plus intéressés à vous vendre quoi que ce soit. Souvent, on entre dans un magasin, le préposé est debout ou assis près de la caisse enregistreuse et pianote sur son cellulaire. C’est à croire que la pénurie en termes de motivation apporte une couche nouvelle à celle concernant le nombre d’effectifs.


La motivation


Selon Psychology Today, « la motivation intrinsèque désigne les activités que vous faites parce que vous aimez l’activité elle-même », tandis que les motivations extrinsèques désignent tout ce que nous faisons pour des raisons extérieures à celle-ci[1]. Bien sûr, la pandémie n’a pas aidé à stimuler les motivations tant internes qu’externes pour effectuer son travail. Combien de temps durera cette démotivation généralisée ? Comment faire pour être heureux de se lever et de commencer son travail ? Où trouver cette motivation ? Lorsque l’on n’aime pas l’activité elle-même, peut-être doit-on chercher dans les raisons extérieures. On peut avoir hâte de retrouver ses compagnons de travail, de participer à des objectifs louables, etc.


La valorisation


Encore ici, il y a celle qui vient de soi-même et celle qui arrive de l’extérieur. La fierté personnelle, le sentiment de réussite, la joie face à la qualité du travail accompli sont tous des exemples de valorisation qui vient de soi. L’entourage, les patrons, les collègues de travail, la rémunération, et le statut social font partie des facteurs externes qui vont contribuer à se sentir valorisé dans le travail que l’on effectue.


Le défi 2024


En 2024, le défi premier sera d’accroitre les motivations et les valorisations tant au niveau individuel que social. Par exemple, on aura beau encenser le travail des travailleurs de la santé, de les nommer nos anges gardiens, si rien n’est fait pour leur procurer un milieu de travail sain, attirant et valorisant, le résultat sera une démotivation de ces employés. C’est un peu comme si, de ces anges que l’on vantait, on avait enlevé le « g » pour les traiter maintenant comme des ânes.


Les solutions


Souvent, les problèmes ressemblent aux solutions. Les problèmes de valorisation et de motivation sont individuels et sociaux. Ainsi en sera-t-il des solutions, elles devront venir de soi-même et de la société. Être bon envers soi-même et bon envers les autres tient des solutions personnelles qui permettent d’améliorer sa motivation, sa valorisation et celles de nos proches. Quelqu’un avait-il dit, il y a quelques millénaires : « Aimez-vous les uns, les autres ». Cette générosité à l’échelle d’une société est la meilleure arme pour motiver et valoriser tous ses membres. « Est-ce que j’ai motivé et/ou valorisé quelqu’un aujourd’hui ? » relève tant des responsabilités individuelles que sociales. Ceci peut sembler utopique à première vue, mais, si une majorité de gens le faisait aujourd’hui, demain serait certainement meilleur. Imaginons que ce simple changement continue pendant les 11 prochains mois, notre moyenne de succès pour 2024 avoisinerait les 92%. Ça, c’est motivant !


[1] https://www.talentoday.com/fr/blog/difference-motivation-intrinseque-extrinseque/#:~:text=Selon%20Psychology%20Today%2C%20%C2%AB%20la%20motivation,raisons%20ext%C3%A9rieures%20%C3%A0%20celle%2Dci.

 

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Un brin d'histoire

pour mieux comprendre


Asképlios, le dieu de la médecine dans la mythologie grecque, eut deux filles qu'il nomma Hygie et Panacée. Hygie donna naissance au mot hygiène qui illustre tout l'apport d'un mode de vie sain, à la prévention des maladies et à la protection de la santé. Quant à Panacée, elle représente toutes les formes d'intervention humaine, telle la chirurgie ou les médicaments, qui permettent de rétablir la santé.


Tout au long de l'histoire humaine, ces deux concepts circulent avec, selon les diverses périodes, plus ou moins d'accent sur l'hygiène ou sur la panacée.


L'histoire des médicaments


Bien avant le médicament, il y eut l'utilisation des plantes médicinales, des tisanes, décoctions, emplâtres et autres produits directement issus de ce que la nature pouvait offrir. Le médicament relève d'une étape bien plus récente. Il apparaît le jour où l'homme décide de devenir l'artisan, le créateur de molécules capables d'apporter soulagement et/ou guérison. Par exemple, on sait que bien des peuplades ont utilisé l'écorce de bouleau ou de saule sous forme de cataplasme ou de tisanes pour soulager diverses douleurs reliées aux maux de tête ou à l'arthrite. Mais il faudra attendre les années 1820 pour identifier le principe actif naturel responsable de cet effet et un autre 75 ans, jusqu'au 10 août 1897, pour que le chimiste Félix Hoffman réussisse à en modifier la structure pour en faire un vrai médicament efficace et bien toléré, l'acide acétylsalicylique, bien connue encore de nos jours sous le nom d'ASPIRIN.


Un autre exemple nous en est fourni par les Arabes qui avaient l'habitude de ranger les selles de leurs chevaux dans des endroits sombres et humides. Il se développait sur celles-ci des moisissures qui protégeaient les cavaliers des terribles plaies de selles, l'équivalent de nos plaies de lit, mais qui affectaient tous ceux dont le principal travail requérait le déplacement à dos de cheval. Ce n'est qu'à la fin des années 1920 qu'Alexander Fleming découvrit l'explication de ce phénomène en trouvant la pénicilline.


Le médicament a connu diverses réceptions auprès des scientifiques et du public. Au début de son histoire, chaque nouveau médicament était d'emblée accepté comme ce qu'on pourrait appeler la pilule miracle. Il était bien souvent présenté comme la nouvelle panacée universelle, la solution à de multiples, sinon à tous problèmes de santé. Ainsi l'arrivée des antibiotiques allait marquer la victoire finale et totale de l'homme sur les infections, la morphine ou l'aspirine allaient sonner le glas de toutes les douleurs, etc. Avec les années et surtout quelques échecs dramatiques de l'industrie pharmaceutique comme la thalidomide qui causèrent de véritables désastres, l'enthousiasme original céda sa place à la tiédeur puis à la méfiance et même dans certains cas à la paranoïa. (Réf. : Jacques Beaulieu,Ces médicaments qui ont changé nos vies, Les Éditions MultiMondes, 2014) On n'a qu'à se souvenir de ce frauduleux Dr Wakefield qui créa de toute pièce une étude identifiant à tort un lien entre l'autisme et la vaccination.


Entre l'espoir et la crainte


La pharmacologie demeure une grande source d'espoir dans l'histoire de la vie humaine, et ce avec raison. Il est facile d'oublier qu'il y a moins d'un siècle, l'espérance de vie à la naissance d'un être humain sur terre se limitait à une cinquantaine d'années. Aujourd'hui, nous approchons les 90 ans comme espérance de vie. Il est aussi simpliste d'affirmer que cette augmentation n'est qu'un prolongement de la vie dans la maladie et dans la souffrance. Bien sûr, il y avait moins de gens qui mourraient d'un cancer en 1950 qu'aujourd'hui parce que les personnes ne vivaient pas assez longtemps pour devenir fragiles aux cancers. Le même constat peut se faire pour l'Alzheimer ou le Parkinson. Mais d'autre part, qui refuserait aujourd'hui une chirurgie cardiaque à l'âge de 55 ans en se disant qu'il risque d'avoir un cancer à 75 ans ou développer un Alzheimer à 85 ans ?


Il est aussi plus facile de militer dans des campagnes anti-vaccination lorsqu'on n'a pas vécu l'horreur de perdre un enfant âgé d'à peine deux ans, mort dans des souffrances atroces en étouffant parce qu'une peau s'était formée dans sa gorge à la suite d'une infection contagieuse de diphtérie à l'époque où la vaccination n'existait pas. Et dans ces mêmes propagandes, il ne doit pas y avoir beaucoup de personnes devenues aveugles à la suite d'une rougeole contractée lorsqu'elles étaient enfants. On a eu vite fait d'oublier ce qu'était la vie humaine d'avant l'arrivée des médicaments. Un exemple parmi d'autres : les hôpitaux psychiatriques étaient, avant l'arrivée des médicaments neuroleptiques, de véritables maisons de torture où les patients hurlaient, enchaînés pratiquement à longueur de journée.


C'est pourquoi j'ai toujours beaucoup de réticences pour ces semeurs de crainte face aux médicaments. On a beau être diplômé et venir du vieux continent, rien ne justifie ces créateurs de fantômes à ameuter la population face aux supposémentdangereux médicaments. Rien, sauf bien sûr, le désir de notoriété et celui de vendre leurs livres en passant par des médias toujours avides de sensationnalisme.


Personnellement, je préfère semer l'espoir de la guérison plutôt que la crainte du médicament, c'est probablement moins vendeur, mais surtout beaucoup plus utile.


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UNE BELLE, BONNE ET HEUREUSE

ANNÉE 2024

(et si possible en santé)

 

Après deux années de pandémie, et des successions d’inflations et de récessions qui nous ont apporté, entre autres les pénuries de mains d’œuvre, de logements, de médecins et d’infirmières et les débordements dans nos hôpitaux, que pouvons-nous nous souhaiter pour 2024 ?


D’abord, un système de santé qui fonctionne devient essentiel. Sans la santé, rien ne va plus. Il faut donc que M. Dubé réussisse là où tous ceux avant lui ont échoué : remettre notre système sur les rails.


La création de Santé-Québec demeure une bonne idée en dépolitisant ainsi la santé. Comme le disait si justement le Dr Alban Perrier et un peu plus tard le psychiatre Yves Lamontagne, le gouvernement doit établir les politiques de santé et non faire de la politique avec la santé.


Dans un monde idéal, une fois Santé-Québec créé, elle devrait distribuer ses pouvoirs (et les budgets s’y rattachant) à chacune des régions de la province pour permettre à celles-ci de répondre aux besoins locaux sans avoir à passer obligatoirement par Québec pour chacune de ses décisions.


Et toujours dans ce monde idéal, le gouvernement ne devrait pas être le seul gardien de Santé-Québec. Il devrait créer un Bureau des usagers qui ferait aussi office de chien de garde. Il y a aussi espoir dans ce sens. En effet, notre premier ministre lui-même a affirmé, pas plus tard qu’en octobre dernier, qu’il faut consulter la population et tenir compte de ses opinions.


En somme, l’année 2024 se présente avec de bien belles promesses et de grands espoirs. Aurons-nous le courage de remplir ces promesses ?


C’est sincèrement mon plus grand souhait.


Une belle et heureuse année à tous mes lecteurs !


Jacques Beaulieu

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D

– COMME DANS DÉSHUMANISER –

 

Durant mes quelques quarante années de carrière en communication scientifique, j’ai eu l’occasion de signer plus de 500 articles tant dans l’Actualité médicale et le HuffPost ici ainsi que dans la Revue Médecine en France. J’ai aussi eu le privilège de signer et/ou co-signer 38 livres (bientôt 39) sur divers aspects de la santé dont 2 portants sur notre système de santé (Permettez-moi de vous dire, avec le Dr Augustin Roy et Révolutionner les soins de santé avec les docteurs Alban Perrier et Robert Ouellet).


Dans ces livres ainsi que dans les articles, j’ai eu l’occasion de répéter ad nauseam ces fameux trois D pour dépolitiser, décentraliser et démocratiser. Pour le premier D, j’avais proposé à l’instar de plusieurs autres comme l’ancien président du Collège des médecins, le psychiatre Yves Lamontagne, de créer un organisme indépendant du MSSSQ pour gérer ce ministère. Le docteur Lamontagne avait parlé d’Hydro-Santé en référence à Hydro-Québec. Le gouvernement actuel a plutôt décidé de choisir le nom que nous lui avions donné dans notre livre en 2012 soit Santé-Québec. Et, il s’en est octroyé, bien sûr, l’entière paternité.


Maintenant que les dés sont jetés, je réalise, avec horreur, que, malgré la bonne volonté de cette réforme, il y a un drame qui se dévoile petit à petit. C’est celui qui touchera tous les patients, petits, jeunes, adultes et aînés : la déshumanisation des soins de santé.


Aujourd’hui, nous avons des GAP (Guichets d’accès à un professionnel), des cliniques d’IPS (Infirmier (ière) professionnelle spécialisée) ou autres créatures de notre bon ministère. En réalité, nous sommes entrés dans l’ère d’un système qui décide pour nous quel professionnel, à quel endroit et quand, une rencontre aura lieu.


La grandeur du geste d’un être humain qui aide et soigne un autre être humain a été modifiée par ce désir incontrôlable d’un système d’imposer, faute d’autres ressources, une gestion de plus en plus déshumanisée et déconnectée des réels besoins des patients.


Devra-t-on en arriver à un temps, où nous placerons un doigt sur un lecteur qui, lisant notre empreinte digitale, aura accès à notre dossier santé informatisé et qui nous demandera de cocher les cases correspondantes à notre demande de consultation. Suite à quoi ces informations seront analysées en intelligence artificielle et un traitement sera proposé.


Dans ce système, nous pourrons malheureusement compléter cette déshumanisation et remplacer bon nombre de médecins, d’infirmières et d’infirmiers par des gestionnaires de haut niveau, des Top Guns comme nous les nommons de nos jours.

 

 

 

 


Une assemblée publique, une pétition et une histoire


Lundi le 27 novembre avait lieu cette Assemblée publique









J’aurai l’occasion de revenir sur cet événement dans un article plus développé. Le sujet est vaste et la qualité tant des conférenciers que des quelques centaines de personnes présentes sur place méritent d’être soulignés adéquatement.


Mais il y a urgence d’agir, c’est pourquoi je vous transmets ici le lien vers cette pétition qui demande à nos gouvernements :

   1) de revoir le projet de loi n° 15 pour éviter les effets négatifs sur les patients, les bénévoles, les chercheurs et les communautés locales; 

   2) d’organiser des consultations supplémentaires afin que les citoyens et les groupes qui n'ont pas été entendus puissent l'être; 

   3) d’apporter des modifications pour préserver la gouvernance locale ainsi que les relations avec la communauté, y compris en langue anglaise.


Voici donc ce lien vers la pétition


https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-10545/index.html


Comme je le soulignais lors de cette assemblée publique, tout ceci me rappelait une histoire que j’ai déjà écrite.


Dans une ville, il y avait deux stations-services qui offraient des ateliers mécaniques. L’une d’elle dût fermer, son propriétaire ayant pris sa retraite. L’autre se trouva rapidement submergée. Ses trois mécaniciens n’arrivaient pas à servir tous les clients. Il y avait des files d’attentes. À court de solutions, le propriétaire fit appel à une firme d’experts conseil qui lui envoya deux Top Guns pour étudier la situation. Après quelques mois, les top guns arrivèrent enfin à une solution. Ils ont recommandé au propriétaire de congédier deux de ses trois mécaniciens et d’engager huit comptables !!!


Existerait-il ici certaines ressemblances avec ce qui est en train de se passer avec notre système de santé ?   


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La santé de IA à IZ et vice-versa


Nouveaux médicaments, nouveaux traitements, nouvelles pistes diagnostiques, l’intelligence artificielle au service de la santé, téléphone intelligent permettant d’alerter les secours en cas de besoin, etc. Considérant tous ces indices, l’avenir de la santé humaine semble des plus prometteuses.

Mais, rien n’étant parfait, d’autres indices, négatifs ceux-là, se dessinent qui nous dirigent sur une tout autre piste. Et surtout, ces indices nous ramènent plus de 50 ans en arrière avant même que l’assurance-maladie n’existe au Québec. Mais avant ce retour brutal sur ce passé, examinons ces indices un à un. De l’IA (intelligence artificielle) passons aux IZ (Intelligence Zéro).


IZ-1 : L’accès à un médecin


Étrangement, c’est précisément ce problème qui a inspiré la naissance de l’assurance-maladie. Les patients qui n’en avaient pas les moyens financiers ne pouvaient pas recourir aux médecins. Pour ceux qui étaient plus fortunés, l’accès au médecin était réellement instantané. On pouvait le consulter de jour ou de soir et, s’il le fallait, le médecin se déplaçait même au domicile du patient. Devant une telle injustice sociale, il fallait réagir et créer la RAMQ (Régie de l’assurance-maladie du Québec).


Mais cinquante-quatre années, quatre mois et des poussières plus tard, rares sont ceux qui peuvent prétendre un quelconque gain en termes d’accès au médecin. Dans cette Xième réforme de notre système de santé, on avait d’abord, grâce aux miracles de l’informatiques créé les GAMF (Guichet d’accès aux médecins de famille) mais, celui-ci n’a pas créé un seul médecin de plus et l’accès au médecin demeurait tout aussi improbable. Effacé le GAMF, on passa au GAP. Désormais il serait possible de consulter un professionnel.


IZ-2 : Les urgences débordent


Cette difficulté d’avoir accès rapidement à un médecin crée bien des problèmes et en produira bien d’autres. Le premier réflexe, est de se présenter à l’urgence d’un hôpital. Mais les urgences débordent de partout. Combien de personnes sont capables d’attendre 32 heures et plus avant d’avoir reçu les examens médicaux nécessaires ? Malheureusement, la réponse est : plus qu’on oserait croire…


IZ-3 : Dr Google


L’autre étape encore plus dangereuse que la première est de consulter Docteur Google. Après tout, il connait toutes les réponses. Par exemple, vous croyez souffrir de cellulites ? En bien moins d’une seconde (0,30 secondes), vous obtenez environ 79 300 000 résultats. Mais souffrez-vous réellement d’une cellulite ? Et parmi ces 79 300 000 résultats, lesquels sont fiables ? Le risque est grand de tomber sur une solution qui n’en est pas réellement une et qui au mieux sera inefficace et au pire provoquera d’autres problèmes plus graves.


IZ-4 : L’accès aux nouveaux médicaments


Lorsqu’un nouveau médicament est découvert, il bénéficie d’un brevet pendant une certaine période. Ceci permet à la compagnie pharmaceutique qui a découvert ce médicament de récupérer une partie des frais qu’ont coûté la recherche et le développement liés à ce médicament. Au Canada, en 1983, nous avons créé le CEPMB : le Conseil d’Évaluation du Prix du Médicament Breveté. Cette créature fédérale avait pour but de négocier avec les pharmaceutiques afin d’obtenir le prix le plus bas pour les nouveaux médicaments brevetés. Il semble bien que l’objectif fut parfaitement atteint. Les nouveaux médicaments ne coûtent rien pour les Canadiennes et les Canadiens. Et ce pour une excellente raison, ces médicaments ne sont tout simplement pas disponible au Canada. Une analyse effectuée dans 13 pays de l’OCDE pour la période de 2012 à 2021, portant sur la disponibilité de 460 nouveaux médicaments place le Canada tout au fond du baril avec 732 jours d’attente entre l’arrivée d’un nouveau médicament et la couverture de ce médicament pour le public canadien. Par comparaison, Aux États-Unis et en Allemagne il y a 0 jour d’attente, en France, il y a 6 jours d’attente, en Italie 123 et ici 732 ! Donc, sur 13 pays analysés, nous occupons fièrement le 13ième rang.


IZ-5 : L’auto-guérison


Finalement, à bout de ressources disponibles, la tentation sera forte de recourir à des thérapeutes et à des thérapies alternatives. Ce sera le retour aux remèdes de grand-mères, aux élixirs, aux tisanes, aux décoctions, aux cristaux guérisseurs et autres. Nous trouvons même des livres pour adultes et d’autres pour enfants expliquant tout ce potentiel « thérapeutique » des cristaux. Voir cet article du Journal de Montréal :

Pseudoscience à l'hôpital: des «cristaux de guérison» remis à des patients du ChildrenDes enfants malades ont même reçu un livre qui propage des faussetés sur les supposés pouvoirs des cristaux ;

https://www.journaldemontreal.com/2023/12/25/pseudo-science-a-lhopital-des-cristaux-de-guerison-remis-a-des-patients-du-children


De IA à IZ


En somme, toutes nos inventions ultra sophistiquées dans tous les domaines de la médecine auront réussi l’impossible, digne du film de fiction : retour vers le futur (Back to the Future). Elles nous auront permis un retour en arrière de cinquante-quatre années, quatre mois et des poussières à une époque où l’accès aux médecins était limité aux plus riches… 


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Docteur où es-tu, qui es-tu ?


Pendant la majeure partie de mon existence, le docteur et, plus récemment, la docteure étaient les personnes de confiance à qui je pouvais raconter tous mes petits et grands problèmes de santé et qui me proposaient des solutions. Pénuries et système de santé dysfonctionnel ont fait en sorte que ces docteurs devenaient de plus en plus difficiles à trouver.  La question il est où mon docteur, devint un problème récurrent. Je profite de l’occasion pour m’excuser auprès de tous les communicateurs québécois, politiciens et journalistes pour être à ce point archaïque et utiliser encore le mot : problème qui, nous le savons, a été banni du vocabulaire en mars 2020, aux tous premiers jours de la pandémie. Désormais au Québec, il n’y eut plus aucun problème, que des enjeux.  

 

Mais, revenons-en à nos problèmes avec les docteurs. Le titre de docteur était au début du 20ième siècle considéré comme une vocation. Celui qui se dirigeait en médecine s’était senti appelé (du latin vocatio : appel) à se mettre au service de la santé des siens. Puis, de vocation, la médecine est passée à une profession : la profession médicale. Et finalement, depuis le début de l’an 2000, la profession s’est transformée en un fonctionnariat tout aussi astreignant (multitudes de rapports à rédiger, de codes à utiliser, etc…) que démotivant.

 

Qui est le docteur d’aujourd’hui ? Nous l’avons, je crois, collectivement laissé tomber. Notre gouvernement nous le présente aujourd’hui comme un des acteurs pouvant nous être utile en santé; un, parmi tant d’autres : infirmières spécialisées, infirmiers, ergothérapeutes, nutritionniste, pharmacien, etc… Quant aux syndicats médicaux, leurs buts semblent bien plus celui d’augmenter les salaires des médecins ce qui leur offre l’occasion d’augmenter les revenus syndicaux que de participer à la reconnaissance de la notoriété médicale. Nous serions alors portés à nous demander que fait le Collège des médecins? Mais celui-ci semble briller par son absence.


La première personne qui occupa le poste de ministre de la Santé était un médecin de Mont-Laurier : le Dr Albiny Paquette, héros de la Première guerre mondiale, maire de Mont-Laurier qui fut nommé ministre de la Santé lors de la création de ce ministère par M. Maurice Duplessis le 17 août 1936. Tout ceci ressemble à l’antithèse de ce que l’on vit aujourd’hui. C’était un médecin à la tête du MSSSQ alors qu’aujourd’hui nous avons un gestionnaire de haut niveau. C’était un médecin venu d’une région (les Hautes Laurentides) alors qu’aujourd’hui tout est centralisé à Québec. De plus, le Dr Paquette jouissait d’une grande réputation ayant été nommé héros de guerre. En 1917, il avait été promu au poste d'officier médical sénior (il a alors 28 ans) du 10e bataillon de réserve à l'Hôpital militaire de Saint-Cloud en France.


Il est triste de le constater, mais on doit admettre : le docteur a perdu bien du galon.


Mais, comme dit le poète : Le temps, ça court par en avant[1]. On ne reviendra pas au temps d’Albiny Paquette, d’Irma Levasseur ou de Maurice Duplessis. Il faut penser à demain et trouver moyen de motiver nos troupes, de redorer leur blason afin de pouvoir nous offrir à tous des services de santé dignes de ce nom.


Voilà l’une des raisons de vouloir ouvrir une nouvelle faculté de médecins à l’Université du Québec à Montréal, en espérant, pour le plus grand bien de tous, que notre gouvernement ainsi que toutes les universités existantes au Québec appuient ce projet aussi novateur qu'essentiel.


Jacques Beaulieu

Auteur et communicateur scientifique

 

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Biographie de Jacques Beaulieu


Jacques Beaulieu

Jacques Beaulieu a étudié en biologie à l’Université du Québec à Montréal et à Trois-Rivières. Il a obtenu un certificat en microscopie électronique de l’École d’Hygiène de la Faculté de médecine de l’Université de Toronto. Écrivain médical, il a signé pendant 4 ans une chronique dans l’Actualité médicale portant sur les médecins qui ont marqué le Québec, l’histoire des découvertes des médicaments et celle de diverses maladies. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages sur la santé et de plus d’une centaine d’articles. 

( https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/auteur/jacques-beaulieu )


[1] Fred Pellerin : Y est toujours plus tard qu'on pense


Le siècle du grand zigzag



Il fut une époque où le ciel était à droite, du côté de la loi et de l’ordre tandis que l’enfer était à gauche du côté des syndicats et du communisme. Ce communisme allait d’ailleurs, si on se fie au discours duplessiste, amener la nation à sa perte. Et le clergé de l’époque rappelait à ses fidèles que le ciel est bleu et l’enfer est rouge.

Trois-quarts de siècle plus tard, les tendances se sont inversées. Tout ce qui est à gauche est devenu la vertu parfaite et la droite s’est métamorphosée en enfer, en Satan, en Lucifer et en tous les diables qui la meublent. Et par extension, tout ce qui concerne la gestion publique relève de la rectitude et de la pureté parfaite tandis que tout ce qui émane du privé est synonyme de profit et de magouillage.

Mais moi, comme patient, que dois-je choisir ? En réalité, mon vœu le plus sincère est celui de recevoir les soins dont j’ai besoin au moment où j’en ai besoin. Que l’infirmière qui m’accueille à l’hôpital soit syndiquée ou non, qu’elle soit l’employée de l’hôpital ou d’une agence de placement m’est, en toute franchise, tout à fait égal. De plus, je crois que le rôle du MSSS est de fournir les services de santé aux patients avec un personnel motivé et qualifié que celui-ci soit membre d’un grand syndicat ou d’une agence de placement. Alors, que cessent toutes ces guerres ainsi que ces zigzags de gauche à droite et ce pour le plus grand bien de la personne la plus importante dans un système de santé: le patient.


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